Infolettre 7 novembre 2015

Le 30 janvier 2016 par Roger Beaupre à 16 h 10 min

Association familles Couture

LA SEIGNEURIE DE LAUZON À SES DÉBUTS
Par Georges-Étienne Proulx,
président de la Société d’histoire régionale
de Lévis de 1982 à 1998

INTRODUCTION

On imagine mal comment nos ancêtres ont vécu dans les débuts du peuplement de la Nouvelle-France. On croit volontiers, par exemple, que les structures municipales, semblables à celles que l’on connaît aujourd’hui, existaient alors, qu’elles régissaient la vie communautaire des premiers colons.

Nous essaierons, dans les lignes qui vont suivre, de comprendre un peu mieux le cadre de vie des pionniers, le régime seigneurial – puis, après une brève histoire de la famille de Jean de Lauson, nous parlerons des premières concessions sur le territoire de la seigneurie de Lauzon et enfin, nous terminerons en parlant des structures religieuses, soit les paroisses.

1 – LE RÉGIME SEIGNEURIAL

L’historien Marcel Trudel définit ainsi le régime seigneurial :
Système qui consiste à accorder à des entrepreneurs, qu’on appelle seigneurs, une portion plus ou moins grande de terre pour y établir des habitants, en fixant d’avance et d’une façon précise des droits et devoirs réciproques dont l’État se réserve la surveillance minutieuse.

Ce régime a été particulièrement actif et efficace à partir de 1627, date de la création de la Compagnie des Cent-Associés. Il s’agissait d’une compagnie crée par le cardinal de Richelieu en vue de peupler et d’évangéliser la Nouvelle-France. Elle comprenait, comme son nom l’indique, cent associés qui acceptaient d’investir chacun 3 000 livres en retour de quoi elle se réservait le monopole du commerce avec la Nouvelle-France. Sa fonction principale était de distribuer des terres à des entrepreneurs, les seigneurs – c’était une sorte d’agence de développement.

En somme, les seigneuries sont des territoires – c’est le découpage de la colonie – et le régime, un mode de peuplement.

Si on veut schématiser, la structure « politique » est ainsi constituée :

Le Roi

Les cent-Associés (agence de développement)

Les Seigneurs (promoteurs locaux)

Le Gouverneur et l’Intendant (représentants locaux du Roi)

Les censitaires (colons) qui défrichent et cultivent.

Le seigneur

Le seigneur qui s’est fait concéder un territoire doit, à son tour, concéder des terres à des colons; c’est là sa principale responsabilité et s’il ne la remplit pas, sa seigneurie peut lui être enlevée.

Il doit aussi résider en personne ou autrement sur le territoire de la seigneurie. En général, il se réserve une portion de ce territoire, le domaine sur lequel il se bâtira un manoir ainsi qu’un moulin.

Le seigneur doit aussi, chaque année, rendre foi et hommage au Roi, au palais de l’Intendant, et marquer ainsi sa dépendance vis-à-vis le pouvoir royal.

Chaque année aussi, il doit faire rapport à l’Intendant de l’état de sa seigneurie, c’est l’aveu et démembrement qui permet au Roi de savoir si le seigneur a satisfait à son obligation de concéder des terres.

Enfin, le seigneur doit réserver au Roi les bois de chêne (pour l’industrie navale) et les mines, et s’il vient à vendre sa seigneurie – à condition qu’il y ait fait du développement – l’acheteur devra payer à l’État une taxe de 20 % sur le prix de vente, c’est le droit de quint.

Comme on le voit, les obligations du seigneur sont assez lourdes et on comprend que pour qu’il accepte ces charges, on lui offre aussi des compensations, des droits qui compensent ces devoirs. Ces droits sont de deux ordres, honorifiques et lucratifs.

Les honneurs avaient beaucoup d’importance au temps de la monarchie française dont on a dit qu’elle était une civilisation des honneurs (sinon de l’« honneur »), et de nombreuses querelles ont surgi – querelles de préséance – tout au long du régime français.

En Nouvelle-France, le seigneur avait droit à un banc à l’église, banc à l’avant de l’église et qui devait dépasser de quelques pouces les bancs ordinaires; si, dans la même paroisse, il y avait un capitaine de milice, celui-ci avait aussi droit à un banc spécial, situé du côté opposé à celui du seigneur et à quelques pouces en retrait par rapport à ce dernier.

Le seigneur a aussi droit à une sépulture sous l’église, il a préséance dans les processions et il est le premier à recevoir le pain bénit, l’eau bénite, le rameau ou le cierge de la Chandeleur. De plus, on prie pour lui, nommément à l’église. Plus importants, sans doute, sont les droits dits lucratifs, i. e. qui rapportent des avantages pécuniaires.

Le premier de ces droits, c’est la collecte des cens et rentes que doivent payer annuellement les censitaires. Nous en reparlerons en voyant les obligations des censitaires.
Tous les censitaires doivent aussi faire moudre leur grain au moulin seigneurial – le droit de mouture est un droit exclusif du seigneur qui retient pour lui le 14e minot.

Le seigneur est aussi propriétaire de son domaine ainsi que du manoir et du moulin qu’il y a érigés (le censitaire n’est que locataire de la terre qu’il occupe). Après un certain temps, quand le peuplement est avancé et que les terres sont en partie défrichées, le droit le plus lucratif est celui qu’on appelle lods et ventes. Il s’agit d’une taxe de 1/12 de la valeur d’une terre que vend un censitaire qui quitte la seigneurie. Cette taxe est payante pour le seigneur lorsqu’il y a beaucoup de mutations. D’autres droits peuvent aussi être exigibles des censitaires, v. g. droit de chasse ou de pêche et le droit de corvées.

Le censitaire

Il faut bien noter que le seigneur ne peut exiger du censitaire que ce qui a été prévu au contrat. Il ne peut augmenter les redevances, contrairement aux seigneurs féodaux en Europe qui en étaient venus à écraser leurs sujets sous les impôts et les corvées. On disait que ces sujets étaient « taillables et corvéables à merci « (les tailles étaient des impôts directs).
Ces obligations du censitaire, prévues à son contrat, sont, en plus de rendre foi et hommage au seigneur et de participer à la plantation du mai, au printemps, devant le manoir seigneurial, celle de payer annuellement les cens et rentes.
Le cens (le nom de censitaire vient de là) est une redevance symbolique de un ou deux sols par arpent de front. Dans la seigneurie de Lauzon, les terres ont généralement trois arpents de front et le cens est de deux sols par arpent, soit six sols (équivalent à 0.30¢). Les rentes sont plus onéreuses, encore qu’elles ne constituent pas une charge écrasante – on paie en général 20 sols par arpent de front, soit dans Lauzon, 60 sols (équivalent à 3.00 $) pour trois arpents de front.
Chaque censitaire doit aussi fournir annuellement trois jours de corvée pour le seigneur. Il peut cependant se faire remplacer moyennant un paiement de deux livres par jour, (6.00 $) pour les trois jours.

Enfin, c’est au moulin du seigneur que le colon doit porter son grain pour le faire moudre et laisser au seigneur le 14e minot. La récolte étant en moyenne de 200 minots, il reste au seigneur 14 minots évalués à quatre livres (4.00 $), soit corvées et mouture, 62 $.

Pour ces déboursés, somme toute minimes, le censitaire a une terre de trois arpents par 40, il fait moudre le blé de sa récolte, et il jouit de la sécurité.

Il faut dire que ce système seigneurial était un bon système de peuplement, dans un pays où il fallait, en tout premier lieu, installer des colons et favoriser le développement.

C’est le long des cours d’eau, le Saint-Laurent (le chemin qui marche), puis des rivières importantes comme la Chaudière et l’Outaouais, que le développement s’est fait d’abord pour se poursuivre ensuite dans l’arrière-pays en rangs successifs; jusqu’en 1753, il n’y a pas de villages, c’est-à-dire pas d’agglomération de maisons et de population (sauf Québec et Montréal).

Ce régime était bon pour les débuts, mais il aurait pu être plus efficace si le recrutement des colons avait été plus poussé et surtout si on avait eu à offrir à ces derniers autre chose que le défrichement et l’agriculture. Quoi qu’il en soit, le régime a été aboli en 1854, avec compensation pour les seigneurs; les censitaires, quant à eux, continuaient à payer les cens et rentes au gouvernement et pouvaient se libérer de cette obligation en achetant le fonds de terre.

II – LA SEIGNEURIE DE LAUZON

C’est dans le cadre de ce régime seigneurial que le territoire de la seigneurie de Lauzon a été concédé en 1636. C’est l’une des plus vastes seigneuries : elle a six lieues (18 milles) de front sur autant en profondeur et, sur le front du fleuve Saint-Laurent, c’est l’embouchure de la rivière Chaudière qui la divise en deux sections de trois lieues chacune.

La famille de Jean de Lauson

Jean de Lauson était secrétaire de la Compagnie des cent-Associés et il devint le premier seigneur de la seigneurie qu’il baptisa de son nom. Le nouveau seigneur ne fera les premières concessions sur son territoire qu’en 1647, à Guillaume Couture et François Bissot, et lui-même ne viendra en Nouvelle-France qu’en 1651, succédant à M. D’Ailleboust comme gouverneur; il occupa le poste pendant cinq ans et rentra en France en 1656. Jean de Lauson est le premier gouverneur à amener avec lui des membres de sa famille : Jean et Louis arrivent avec leur père en 1651 et Charles viendra l’année suivante.

Dès son arrivée, le seigneur de Lauson cède la seigneurie à son fils aîné, Jean, et le nomme grand sénéchal de la Nouvelle-France. Jean, fils, épousera Anne DesPrés qui lui donnera six enfants. En 1661, il est tué par un parti d’Iroquois à l’île d’Orléans et en 1664, la veuve épouse Claude Bermen de la Martinière qui administrera la seigneurie au nom des enfants mineurs. Des six enfants, deux filles seulement parvinrent à l’âge adulte et devinrent Ursulines.

M. de la Martinière contribuera beaucoup au développement de la seigneurie par la concession de nombreuses terres.
Le deuxième fils du gouverneur se noie à la pointe de l’île d’Orléans en 1659. Il n’a pas eu d’enfants de son épouse Catherine Nau.

Enfin, Charles arrivé en 1652 épouse la fille de Robert Giffard, Marie-Louise, dont ils ont une fille qui devint plus tard religieuse hospitalière, mais son épouse mourut deux semaines après la naissance de sa fille.

Charles, dont le nom était de Lauson-Charny, retourna en France en 1657 où il fut ordonné prêtre et il revint en Nouvelle-France en 1759 en compagnie de Mgr de Laval qui le nomma l’année suivante vicaire général. Il décéda à La Rochelle en 1689.

b) Développement de la seigneurie de Lauzon

Comme nous l’avons vu précédemment, ce n’est qu’en 1647 (11 ans après la concession de la seigneurie) que les premiers colons obtinrent des terres sur ce territoire.

En cette année 1647, deux colons devinrent censitaires du seigneur de Lauson, soit Guillaume Couture et François Bissot. Chacun des deux reçut une terre de cinq arpents par quarante; c‘étaient deux terres voisines situées au cœur du Vieux Lauzon.

Guillaume Couture

Avant de s’établir à la Côte de Lauson, Guillaume Couture avait eu une vie fort aventureuse au service des Jésuites; au cours d’une expédition vers la Huronie avec, entre autres, Isaac Jogues et René Goupil, il est capturé par les Iroquois, torturé et mutilé, et il demeurera prisonnier pendant trois ans, non sans gagner la confiance de la tribu qui le retint prisonnier. En 1645, il accompagne les chefs agniers venus à un grand conseil tenu à Trois-Rivières. Il agit alors comme interprète mais aussi comme promoteur de la paix entre toutes les tribus indiennes.

En 1646, Couture obtient des Jésuites d’être relevé de ses obligations de donné (missionnaire laïc) et en 1647, il s’installe dans la seigneurie de Lauson. Il épousera Anne Esmard (Aymard) dont il aura neuf enfants, et jouera un rôle important dans la vie de la seigneurie, étant tour à tour capitaine de milice, juge sénéchal, rôles importants pour le bon ordre et la justice dans la seigneurie. Il mourra en 1701, âgé de plus de 80 ans.

2) François Bissot

François Bissot, pour sa part, s’associa dès 1647 avec son voisin Couture qui commença le défrichement de la terre de Bissot et y construisit une modeste habitation.

En plus de défricher sa terre, François Bissot s’occupa activement de la pêche à la morue et au loup-marin. Il s’installa même à un poste à cette fin à Mingan. Cette activité extérieure ne l’empêcha pas de participer au développement de la seigneurie de Lauson où il construisit un moulin en 1655 et, en 1668, une tannerie (la première de la colonie).
En 1648, il avait épousé Marie Couillard. Fille de Guillaume Couillard et de Guillemette Hébert, et ils eurent 12 enfants; l’une de ses filles, Claire-Françoise, épousa Louis Jolliet.
François Bissot mourut à Québec en 1673, à l’âge de 60 ans.

3) Les Jésuites

Une autre concession fut faite à la même époque, soit en 1648, aux Pères Jésuites, à l’endroit où ils avaient déjà une « cabane ». Cette terre fut agrandie à deux reprises, de telle sorte qu’en 1663, elle est de 11 arpents de front par 40 de profondeur. Il semble que la «cabane des Pères» existait au moins depuis 1647 – peut-être avant – et qu’elle servait de pied-à-terre aux missionnaires qui allaient visiter les Indiens, Abénaquis en particulier. En 1663, les Jésuites déclarent avoir 44 arpents défrichés et cultivés par les Hurons, mais ils n’ont établi aucun colon; en 1709, cependant, on y trouve Ignace Carrier, Denys Courtois et Michel Lemieux.

4) Pierre Miville

Mentionnons aussi les deux terres concédées en 1640 [correction : la concession a été faite en 1649] à Pierre Miville (trois arpents) et à son fils François (quatre arpents).
Cette famille était suisse et elle était arrivée à Québec l’année précédente avec cinq enfants. Pierre avait servi pendant plusieurs années dans les armées du Cardinal de Richelieu dans la région de La Rochelle.
L’un de ses fils s’installera plus tard dans la région de Saint-Jean-Port-Joly. Les Miville-Deschesnes sont des descendants de cette famille.

5) Eustache Lambert

Enfin, à l’ouest de la rivière Etchemin. Le premier concessionnaire fut Eustache Lambert. Il obtient en 1652 une terre de huit arpents par 40. On considère Eustache Lambert comme le pionnier de Saint-Romuald.

Il faut reconnaître que le peuplement de la seigneurie a été plutôt lent. Ainsi, en 1663, il n’y a sur le territoire que 34 censitaires qui possèdent en tout 127 arpents de front par quarante de profondeur, soit 508 arpents carrés. Les concessions représentent à peine deux et demi pour cent du territoire utile de la seigneurie.

En 1667, on compte 111 habitants et 236 arpents défrichés et, 14 ans plus tard, en 1681, la population s’établit à 292 âmes et 542 arpents sont en culture.

III – LES PREMIÈRES PAROISSES

Au point de vue religieux, la colonie est desservie par voie de mission.

À l’origine, la seigneurie de Lauzon faisait partie de la paroisse de Québec et de 1648 à 1679, les mariages, baptêmes et sépultures sont enregistrés à Québec.

Le missionnaire le plus connu est sans doute l’abbé Thomas-Joseph Morel qui, de 1671 à 1681, desservit la Côte de Lauzon et exerça son ministère jusqu’à Rivière-du-Loup.
À l’époque, dès que la population d’un territoire le justifie, on y bâtit une église. En principe, selon un décret du Concile d’Orléans qui datait du cinquième siècle, dix maisons suffisaient pur constituer une paroisse, mais, en pratique, la pauvreté des colons ne permettait pas de construire une Église et de faire vivre un curé.

Jusqu’en 1667, les habitants n’étaient pas soumis à la dîme qui ne fut instaurée que cette année-là. Notons que la dîme était payable sur les grains récoltés; chaque habitant devait remettre à son curé le 26e minot de sa récolte.

Encore que cette dîme, au début, devait être affectée à l’entretien du séminaire, fondé en 1663 par Mgr de Laval; en retour le séminaire devait fournir la subsistance aux prêtres qui seraient délégués dans les paroisses.

Cependant, pour ce qui est de la Côte de Lauzon et la pointe de l’île d’Orléans, l’évêque se réserva le produit des dîmes pour les employer à bâtir des églises dans ces lieux.

On sait que le 11 octobre 1676, l’abbé Morel déclare avoir enterré Charlotte Maugis, veuve de Pierre Miville, dans le cimetière de l’église qui se fait à la Côte de Lauzon. Il semble que sa construction ait été commencée en 1675 et c’est d’ailleurs cette année-là que Guillaume Couture réclamait déjà un curé résidant. C’est sur un terrain que François Bissot avait donné à cette fin avant sa mort que l’église fut bâtie. Cette église était de pierre. Longue de 40 pieds; restaurée et agrandie en 1721, elle fut détruite par le feu en 1830.

En 1690, la paroisse eut son premier curé résidant, l’abbé Philippe Boucher, fils de Pierre Boucher, gouverneur des Trois-Rivières, et la paroisse fut érigée canoniquement sous le nom de Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy en 1694.

Le curé Boucher n’avait que 25 ans lorsqu’il prit possession de la cure de Saint-Joseph et il y demeura jusqu’à sa mort, survenue en 1721. Il a profondément marqué les débuts de cette paroisse.

À l’autre extrémité de la seigneurie, une première chapelle de bois fut construite pour le service religieux de Saint-Nicolas en 1690. Plus tard, vers 1704, à l’est de la première chapelle, on bâtit une église et un presbytère en bois, mais déjà, en 1720 la chapelle et l‘église sont en ruine. Une nouvelle église et un presbytère seront construits, en pierre cette fois, sur un terrain donné en 1720 par Jacques Beaufort, farinier. C’est en 1728 que fut bénite la nouvelle église.

Malgré son érection canonique en 1694, la paroisse [de Saint-Nicolas] fut desservie par voie de mission jusqu’en 1705, alors que le premier curé vint y résider : c’était l’abbé Le Picart qui y demeura jusqu’en 1713.

Après le curé Le Picart, de 1713 à 1721, pas moins de six curés se succédèrent à la cure de Saint-Nicolas.

Comme on peut le constater, les deux premières paroisses de la seigneurie étaient fort éloignées l’une de l’autre. À mesure que le peuplement augmentera, on créera de nouvelles paroisses. On trouvera en annexe la liste des paroisses actuelles incluses dans le territoire de l’ancienne seigneurie.

CONCLUSION

Le régime seigneurial est disparu. On retrouve quand même des vestiges de ce système dans le découpage et l’orientation des seigneuries et des terres; toujours il s’agit de bandes de terre longues et étroites orientées sud-ouest – nord-ouest. Lorsqu’on divisa le territoire en comtés pour fins électorales, à compter de 1792, les limites de ces comtés furent très souvent les limites mêmes des seigneuries.
Enfin, la toponymie a conservé, dans maints villages, les expressions consacrées par le régime seigneurial, entre autres, le domaine (c’était la propriété personnelle du seigneur) et la commune (terrain de pacage commun à tous les habitants).

Même si, on l’a dit plus haut, le régime seigneurial n’a pas donné des résultats satisfaisants pour assurer le peuplement, il fait reconnaître le mérite des ancêtres qui ont défriché et colonisé le pays.

Malgré les rigueurs du climat et la tâche très lourde qu’ils avaient à accomplir, ces pionniers, ces bâtisseurs ont pu mener, à l’intérieur du régime, une vie relativement agréable, et surtout, ce sont eux qui ont assuré la survie des canadiens-français.

ANNEXE
PAROISSES ACTUELLES INCLUSES DANS LE TERRITOIRE
DE LA SEIGNEURIE DE LAUZON

(Version abrégée de la liste établie par G.-É. Proulx.)
Saint-Joseph (érigée canoniquement en 1694)
Saint-Nicolas (érigée canoniquement en 1694)
Saint-Anselme (érigée canoniquement en 1827)
Saint-Jean-Chrysostome (érigée canoniquement en 1828)
Saint-Isidore (érigée canoniquement en 1829)
Saint-Henri (érigée canoniquement en 1833)
Saint-Lambert (érigée canoniquement en 1851)
Notre-Dame (érigée canoniquement en 1851)
Saint-Romuald (érigée canoniquement en 1853)
Saint-Étienne (érigée canoniquement en 1858)
Saint-Narcisse (partie des seigneuries de Lauzon, Saint-Gilles et Beaurivage) (érigée canoniquement en 1872)
Saint-David (érigée canoniquement en 1875)
Saint-Télesphore (érigée canoniquement en 1875)
Pintendre (érigée canoniquement en 1901)
Charny (érigée canoniquement en 1903)
Breakeyville (érigée canoniquement en 1908)
Saint-Rédempteur (érigée canoniquement en 1919)
Saint-Antoine (Bienville) (érigée canoniquement en 1911)
Christ-Roi (érigée canoniquement en 1928)
Sainte-Jeanne-d’Arc (érigée canoniquement en 1929)
Sainte-Bernadette (érigée canoniquement en 1943)
(Référence : Hormidas Magnan, Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la Province de Québec, Arthabaska, 1925.)

Version langue Anglaise

Traduction par Google

THE LAUZON SEIGNEURIE TO DEBUT
Georges-Etienne Proulx,
President of the Regional History Society
de Lévis from 1982 to 1998

INTRODUCTION

Hard to imagine how our ancestors lived in the early days of the settlement of New France. Happy is believed, for example, that municipal structures, similar to those that we know today existed then, they governed the community life of the early settlers.

We will try, in the lines that follow, to understand a little better the living environment of the pioneers, the manorial system – and then, after a brief history of the family of Jean de Lauson, we will discuss the first concessions on the territory of the lordship of Lauzon and finally, we will finish by talking about the religious structures or parishes.

1 – THE PLAN SEIGNEURIAL

The historian Marcel Trudel defines the manorial system:
System of granting to contractors, called lords, a more or less large portion of land to establish the inhabitants, by setting in advance and in a precise manner of reciprocal rights and duties which the State Reserve careful monitoring.

This regime has been particularly active and effective from 1627, date of creation of the Hundred Associates. This was a company founded by Cardinal Richelieu to populate and evangelize New France. It included, as its name suggests, associated percent who agreed to invest 3,000 pounds each in return for which it reserved the monopoly of trade with New France. Its main function was to distribute land to contractors, the lords – it was kind of development agency.

In sum, the lordships are territories – this is the cutting of the colony – and the regime, a stand mode.

If one wants to simplify, the « political » structure is hereby incorporated:

The king

The hundred Associates (development agency)

The Lords (local promoters)

The Governor and the Intendant (King’s local representatives)

The census (settlers) who clear and cultivate.

The Lord

The lord who became a territory must concede, in turn, grant lands to settlers; this is its primary responsibility and if he does not fulfill his lordship can be taken from him.

He must also reside in person or otherwise on the territory of the manor. In general, it reserves a portion of this territory, the area on which it will build a mansion and a mill.

The Lord also shall annually make fealty to the King, the palace of the Intendant, and thus mark vis-à-vis the royal power dependence.

Every year, too, it must report to the Steward of the state of his lordship is the confession and dismemberment that allows the king to know whether the Lord has fulfilled its obligation to grant lands.

Finally, the lord must reserve the King’s oak (for shipbuilding) and mining, and if it comes to selling his lordship – provided that there is development – the buyer shall pay the state a 20% tax on the sale price, it is the right quint.

As seen, the lord of the obligations are quite heavy and we understand that to accept these charges, also offered him compensation, duties that offset these duties. These rights are twofold, honorary and lucrative.

The honors were very important in the days of the French monarchy which was said she was a civilization honors (if not the « honor »), and many quarrels arose – quarrels of precedence – throughout the French regime.

In New France, the lord was entitled to a bench in church bench in front of the church and that was a few inches beyond the ordinary benches; if in the same parish, there was a militia captain, it was also entitled to a special bench on the side opposite to that of the lord and a few inches back from it.

The lord was entitled to burial in the church, he has precedence in processions and he is the first to receive the blessed bread, holy water, the twig or the candle Candlemas. Moreover, we pray for him, namely to church. More important, perhaps, are the so-called lucrative rights i. e. that yield financial benefits.

The first of these rights is the collection of census and annuities must annually pay the tenants. We’ll talk about seeing the obligations of tenants.
All census also have to grind their grain at the seigniorial mill – the grinding right is an exclusive right of the lord that holds for him the 14th bushel.

The Lord is also the owner of his estate and the manor and the mill he built it (the tenant is a tenant of the land it occupies). After a while, when the stand is advanced and that the land is cleared in part, the most lucrative right is the one called lods sales. This is a tax of 1/12 of the value of land that sells a census leaving the manor. This tax pays for the Lord when there are many mutations. Other rights may also be payable censitaires v. g. right to hunt or fish and the right chores.

The census

It should be noted that the Lord may require the census than what was stipulated in the contract. He can not increase royalties, unlike the feudal lords in Europe that had come to crush their subjects in taxes and chores. It was said that these issues were « taillables and bondsmen to thank you » (sizes were direct taxes).
These obligations census, under his contract, is, in addition to making fealty to the lord and to participate in the May planting in the spring, before the manor house, one hundred annually pay and pensions.
The census (the name comes from that census) is a symbolic fee of one or two floors per acre front. In the lordship of Lauzon, lands generally have three acres frontage and is two hundred soil per acre, six soils (equivalent to 0.30 ¢). Annuities are more expensive, although they are not a crushing burden – usually you pay 20 sols per arpent of frontage or in Lauzon, 60 soil (equivalent to $ 3.00) for three acres frontage.
Each census must also provide an annual three-day chore for the Lord. It may however be replaced by the payment of two pounds per day ($ 6.00) for the three days.

Finally, it is to the mill of the Lord as colon must carry his grain to grind and let the Lord the 14th bushel. The harvest is on average 200 bushels, it remains the lord 14 bushels estimated at four pounds ($ 4.00) or drudgery and grind, $ 62.

For these disbursements altogether minimal, the tenant has three acres of land with 40, he made his grind wheat harvest, and it has the security.

It must be said that this seigneurial system was a good settlement system in a country where it was necessary, first of all, installing settlers and promote development.

It is along the river, the St. Lawrence (the path that walks), and important rivers such as the boiler and the Outaouais, the development was done primarily to continue then in hinterland in successive rows; until 1753 there are no towns, that is to say, no agglomeration of houses and population (excluding Quebec and Montreal).

This diet was good for the debut, but it could have been more effective if the recruitment of settlers had been further especially if we had to offer them something other than clearing and agriculture. Nevertheless, the scheme was abolished in 1854, with compensation for the lords; the census, meanwhile, continued to pay the cens and rents to the government and could free himself from this obligation by purchasing the land.

II – Lauzon SEIGNEURIE

It is in the context of this manorial system that the territory of the Seigneurie de Lauzon was granted in 1636. It is one of the largest manors: it has six leagues (18 miles) across by far in depth and on the front of the St. Lawrence River, is the mouth of the Chaudière River which divides it into two sections of three leagues each.

The family of Jean de Lauson

Jean de Lauson was secretary of the hundred and Associates Company and became the first lord of the manor he called his name. The new lord will make the first concessions on its territory in 1647 and François Guillaume Couture Bissot, and he himself will come to New France in 1651, succeeding Mr. D’Ailleboust as governor; he served for five years and returned to France in 1656. Jean de Lauson was the first governor to bring with him members of his family, Jean and Louis arrive with their father in 1651 and Charles will come the following year.

Upon arrival, the lord of the manor Lauson gives to his eldest son, John, and appointed High Steward of New France. Jean, son, marries Anne Despres who will give him six children. In 1661, he was killed by an Iroquois party to the Île d’Orléans and in 1664 married the widow of Claude Bermen Martinière that will administer the lordship on behalf of minor children. Six children, only two daughters survived to adulthood and became Ursulines.

M. de la Martinière contribute greatly to the development of the manor by the concession of many lands.
The second son of the governor drowns at the tip of Île d’Orléans in 1659. He had no children by his wife Catherine Nau.

Finally, Charles arrived in 1652 married the daughter of Robert Giffard, Marie-Louise, which they have a daughter who later became religious hospital, but his wife died two weeks after the birth of her daughter.

Charles, whose name was Lauson-Charny, returned to France in 1657 where he was ordained priest and returned to New France in 1759 by Bishop Laval company that appointed him Vicar General the following year. He died in La Rochelle in 1689.

b) Development of the Seigneurie de Lauzon

As we have seen, it was only in 1647 (11 years after the concession of the lordship) that the first settlers were granted land in that territory.

In this 1647 years, two settlers census became the lord of Lauson, or Guillaume and Francois Couture Bissot. Each of the two received a land of five by forty acres; they were two neighboring lands in the heart of Old Lauzon.

Guillaume Couture

Before moving to the Côte de Lauson, Guillaume Couture had a very adventurous life in the service of the Jesuits; during an expedition to Huronia with, among others, Isaac Jogues and René Goupil, he was captured by the Iroquois, tortured and mutilated, and will remain a prisoner for three years whilst gaining the trust of the tribe that kept him prisoner. In 1645, he accompanied the Mohawk leaders came to a great council held in Trois-Rivières. It then acts as a performer but also as a promoter of peace among all Indian tribes.

In 1646, Jesuit Couture gets to be relieved of its obligations to give (lay missionary) and in 1647 he settled in the Lauson seigneury. He married Anne Esmard (Aymard) which he had nine children, and play an important role in the life of the manor, being alternately militia captain, judge Seneschal, important roles for the good order and justice in the manor. He died in 1701, aged 80 years.

2) François Bissot

Bissot François, for his part, soon became associated in 1647 with his neighbor Couture began clearing the land of Bissot and built a modest dwelling.

In addition to clearing his land, François Bissot was active in the cod fishery and sealskin. He moved to a position even to this end at Mingan. This outdoor activity does not prevent him from participating in the development of the seigneury of Lauson, where he built a mill in 1655 and, in 1668, a tannery (the first of the colony).
In 1648, he married Marie Couillard. Daughter Guillaume Couillard and Guillemette Hébert, and they had 12 children; one of his daughters, Claire-Françoise, married Louis Jolliet.
François Bissot died at Quebec in 1673, at the age of 60 years.

3) The Jesuits

Another concession was made at the same time, or in 1648, the Jesuit Fathers, where they had a « cabin ». This land was enlarged twice, so that by 1663 it is 11 acres in front by 40 deep. It seems that the « hut Father » existed at least since 1647 – perhaps before – and it served as the foot-to-earth to the missionaries who went to visit the Indians, Abenakis in particular. In 1663, the Jesuits say they have 44 acres cleared and cultivated by the Hurons, but they have established no settlers; in 1709, however, we find Ignace Carrier, Denys Courtois and Michel Lemieux.

4) Pierre Miville

We should also mention the two lands granted in 1640 [Correction: the concession was made in 1649] to Pierre Miville (three acres) and his son François (four acres).
This family was Swiss and had arrived in Quebec City last year with five children. Peter had served for several years in the armies of Cardinal Richelieu in the region of La Rochelle.
One of his son will be installed later in the Saint-Jean-Port-Joly. The Miville-Deschenes are descendants of this family.

5) Eustache Lambert

Finally, west of the Etchemin River. The first dealer was Eustache Lambert. He obtained in 1652 a land of eight acres of 40. It is considered as the pioneer Eustache Lambert of Saint-Romuald.

It must be recognized that the settlement of the manor has been rather slow. Thus, in 1663, there is the territory that 34 census who own a total of 127 acres frontage by forty deep, or 508 square acres. The concessions represent barely two and a half percent of the useful area of ​​the manor.

In 1667, there were 111 inhabitants and 236 acres cleared and, 14 years later, in 1681, the population amounted to 292 souls and 542 acres are under cultivation.

III – THE FIRST PARISH

The religious point of view, the colony served as a mission.

Originally, the lordship of Lauzon was part of the parish of Quebec and 1648-1679, marriages, baptisms and burials are registered in Quebec.

The best known is probably missionary Father Thomas Joseph Morel, from 1671 to 1681, served the Côte de Lauzon and ministered to Rivière-du-Loup.
At the time, when the population of a territory warrants it, we built a church. In principle, according to a decree of the Council of Orleans dating from the fifth century, ten houses pure enough to be a parish, but in practice, poverty did not allow settlers to build a church and a priest to live.

Until 1667, the residents were not subject to the tithe which was only introduced this year. Note that the tithe was payable on harvested grains; each inhabitant had to give her the cure of his 26th bushel crop.

Though this tithe, initially, was to be used for maintenance of the seminary, founded in 1663 by Bishop Laval; in return the seminar was to provide sustenance to priests who are delegates to the parishes.

However, in terms of the Côte de Lauzon and the tip of the island of Orleans, Bishop reserved the product of tithes to use them to build churches in these places.

We know that October 11, 1676, Abbe Morel says he buried Charlotte Maugis, widow of Pierre Miville in the church cemetery, which is the Côte de Lauzon. It seems that its construction was begun in 1675 and it was this year that Guillaume Couture already claimed a resident priest. It is on land that Francis had given Bissot for that purpose before his death that the church was built. This church was stone. 40 feet long; restored and enlarged in 1721, it was destroyed by fire in 1830.

In 1690, the parish had its first resident priest, Father Philippe Boucher, son of Pierre Boucher, governor of Trois-Rivières, and the parish was canonically established under the name of Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy 1694.

The priest Boucher was only 25 years old when he took possession of the parish of St. Joseph and remained there until his death in 1721. He has deeply marked the beginnings of this parish.

At the other end of the manor, a first wooden chapel was built for the religious service of Saint-Nicolas in 1690. Later, in 1704 east of the first chapel, we built a church and a rectory wood, but already in 1720 the chapel and the church is in ruins. A new church and rectory will be built, stone this time on land donated in 1720 by Jacques Beaufort, miller. It is in 1728 that the new church was blessed.

Despite its canonical erection in 1694, the parish [of Saint-Nicolas] was served as a mission until 1705, when the first priest came to live there: it was the abbot who lived there The Picart until 1713 .

After Picart The priest, from 1713 to 1721 no less than six curates succeeded to the cure of Saint-Nicolas.

As can be seen, the first two parishes in the lordship were very distant from one another. As the population grows, it will create new parishes. Annexed the list of current parishes included in the territory of the former manor.

CONCLUSION

The seigneurial regime is gone. We still find traces of this system in cutting and orientation of lordships and lands; still it is strips of land long and narrow south-west oriented – northwest. When divided the territory into counties for election purposes, as of 1792, the boundaries of these counties were often the same limits lordships.
Finally, place names preserved in many villages, the terms enshrined in the manorial system, among others, the area (it was the personal property of the lord) and Common (common grazing land to all the inhabitants).

Although we said above, the manorial system has not yielded satisfactory results to populate, he recognized the merit of ancestors who cleared and colonized the country.

Despite the harsh climate and very heavy task they had to accomplish, these pioneers, these builders have led, inside the regime, a relatively good life, and above all, it is they who ensured the survival of French Canadian.

ANNEX
PARISHES INCLUDED IN CURRENT TERRITORY
THE LAUZON SEIGNEURIE

(Abbreviated version of the list established by G.-E. Proulx.)
St. Joseph (canonically erected in 1694)
Saint-Nicolas (canonically erected in 1694)
Saint-Anselme (canonically erected in 1827)
Saint-Jean-Chrysostome (canonically erected in 1828)
St. Isidore (canonically erected in 1829)
Saint-Henri (canonically erected in 1833)
Saint-Lambert (canonically erected in 1851)
Notre Dame (canonically erected in 1851)
Saint-Romuald (canonically erected in 1853)
Saint-Étienne (canonically erected in 1858)
Saint-Narcisse (part of Lauzon lordships Beaurivage and Saint-Gilles) (canonically erected in 1872)
St. David (canonically erected in 1875)
Saint-Télesphore (canonically erected in 1875)
Pintendre (canonically erected in 1901)
Charny (canonically erected in 1903)
Breakeyville (canonically erected in 1908)
Holy Redeemer (canonically erected in 1919)
St. Anthony (Bienville) (canonically erected in 1911)
Christ the King (canonically erected in 1928)
Sainte-Jeanne-d’Arc (canonically erected in 1929)
Sainte-Bernadette (canonically erected in 1943)
(Reference: Hormidas Magnan, historical and geographical dictionary of parishes, missions and municipalities in the Province of Quebec, Arthabaska, 1925.)


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