La Seigneurie de Lauzon (Guillaume Couture)

Le 2 mai 2015 par Roger Beaupre à 16 h 57 min

LA SEIGNEURIE DE LAUZON À SES DÉBUTS
Par Georges-Étienne Proulx,
président de la Société d’histoire régionale
de Lévis de 1982 à 1998

(Texte publié dans la revue de la SHRL, La Seigneurie de Lauzon, numéro 49, printemps 1993)

INTRODUCTION

On imagine mal comment nos ancêtres ont vécu dans les débuts du peuplement de la Nouvelle-France. On croit volontiers, par exemple, que les structures municipales, semblables à celles que l’on connaît aujourd’hui, existaient alors, qu’elles régissaient la vie communautaire des premiers colons.

Nous essaierons, dans les lignes qui vont suivre, de comprendre un peu mieux le cadre de vie des pionniers, le régime seigneurial – puis, après une brève histoire de la famille de Jean de Lauson, nous parlerons des premières concessions sur le territoire de la seigneurie de Lauzon et enfin, nous terminerons en parlant des structures religieuses, soit les paroisses.

1 – LE RÉGIME SEIGNEURIAL

L’historien Marcel Trudel définit ainsi le régime seigneurial :
Système qui consiste à accorder à des entrepreneurs, qu’on appelle seigneurs, une portion plus ou moins grande de terre pour y établir des habitants, en fixant d’avance et d’une façon précise des droits et devoirs réciproques dont l’État se réserve la surveillance minutieuse.

Ce régime a été particulièrement actif et efficace à partir de 1627, date de la création de la Compagnie des Cent-Associés. Il s’agissait d’une compagnie crée par le cardinal de Richelieu en vue de peupler et d’évangéliser la Nouvelle-France. Elle comprenait, comme son nom l’indique, cent associés qui acceptaient d’investir chacun 3 000 livres en retour de quoi elle se réservait le monopole du commerce avec la Nouvelle-France. Sa fonction principale était de distribuer des terres à des entrepreneurs, les seigneurs – c’était une sorte d’agence de développement.

En somme, les seigneuries sont des territoires – c’est le découpage de la colonie – et le régime, un mode de peuplement.

Si on veut schématiser, la structure « politique » est ainsi constituée :

Le Roi

Les cent-Associés (agence de développement)

Les Seigneurs (promoteurs locaux)

Le Gouverneur et l’Intendant (représentants locaux du Roi)

Les censitaires (colons) qui défrichent et cultivent.

Le seigneur

Le seigneur qui s’est fait concéder un territoire doit, à son tour, concéder des terres à des colons; c’est là sa principale responsabilité et s’il ne la remplit pas, sa seigneurie peut lui être enlevée.

Il doit aussi résider en personne ou autrement sur le territoire de la seigneurie. En général, il se réserve une portion de ce territoire, le domaine sur lequel il se bâtira un manoir ainsi qu’un moulin.

Le seigneur doit aussi, chaque année, rendre foi et hommage au Roi, au palais de l’Intendant, et marquer ainsi sa dépendance vis-à-vis le pouvoir royal.

Chaque année aussi, il doit faire rapport à l’Intendant de l’état de sa seigneurie, c’est l’aveu et démembrement qui permet au Roi de savoir si le seigneur a satisfait à son obligation de concéder des terres.

Enfin, le seigneur doit réserver au Roi les bois de chêne (pour l’industrie navale) et les mines, et s’il vient à vendre sa seigneurie – à condition qu’il y ait fait du développement – l’acheteur devra payer à l’État une taxe de 20 % sur le prix de vente, c’est le droit de quint.

Comme on le voit, les obligations du seigneur sont assez lourdes et on comprend que pour qu’il accepte ces charges, on lui offre aussi des compensations, des droits qui compensent ces devoirs. Ces droits sont de deux ordres, honorifiques et lucratifs.

Les honneurs avaient beaucoup d’importance au temps de la monarchie française dont on a dit qu’elle était une civilisation des honneurs (sinon de l’« honneur »), et de nombreuses querelles ont surgi – querelles de préséance – tout au long du régime français.

En Nouvelle-France, le seigneur avait droit à un banc à l’église, banc à l’avant de l’église et qui devait dépasser de quelques pouces les bancs ordinaires; si, dans la même paroisse, il y avait un capitaine de milice, celui-ci avait aussi droit à un banc spécial, situé du côté opposé à celui du seigneur et à quelques pouces en retrait par rapport à ce dernier.

Le seigneur a aussi droit à une sépulture sous l’église, il a préséance dans les processions et il est le premier à recevoir le pain bénit, l’eau bénite, le rameau ou le cierge de la Chandeleur. De plus, on prie pour lui, nommément à l’église. Plus importants, sans doute, sont les droits dits lucratifs, i. e. qui rapportent des avantages pécuniaires.

Le premier de ces droits, c’est la collecte des cens et rentes que doivent payer annuellement les censitaires. Nous en reparlerons en voyant les obligations des censitaires.
Tous les censitaires doivent aussi faire moudre leur grain au moulin seigneurial – le droit de mouture est un droit exclusif du seigneur qui retient pour lui le 14e minot.

Le seigneur est aussi propriétaire de son domaine ainsi que du manoir et du moulin qu’il y a érigés (le censitaire n’est que locataire de la terre qu’il occupe). Après un certain temps, quand le peuplement est avancé et que les terres sont en partie défrichées, le droit le plus lucratif est celui qu’on appelle lods et ventes. Il s’agit d’une taxe de 1/12 de la valeur d’une terre que vend un censitaire qui quitte la seigneurie. Cette taxe est payante pour le seigneur lorsqu’il y a beaucoup de mutations. D’autres droits peuvent aussi être exigibles des censitaires, v. g. droit de chasse ou de pêche et le droit de corvées.

Le censitaire

Il faut bien noter que le seigneur ne peut exiger du censitaire que ce qui a été prévu au contrat. Il ne peut augmenter les redevances, contrairement aux seigneurs féodaux en Europe qui en étaient venus à écraser leurs sujets sous les impôts et les corvées. On disait que ces sujets étaient « taillables et corvéables à merci « (les tailles étaient des impôts directs).
Ces obligations du censitaire, prévues à son contrat, sont, en plus de rendre foi et hommage au seigneur et de participer à la plantation du mai, au printemps, devant le manoir seigneurial, celle de payer annuellement les cens et rentes.
Le cens (le nom de censitaire vient de là) est une redevance symbolique de un ou deux sols par arpent de front. Dans la seigneurie de Lauzon, les terres ont généralement trois arpents de front et le cens est de deux sols par arpent, soit six sols (équivalent à 0.30¢). Les rentes sont plus onéreuses, encore qu’elles ne constituent pas une charge écrasante – on paie en général 20 sols par arpent de front, soit dans Lauzon, 60 sols (équivalent à 3.00 $) pour trois arpents de front.
Chaque censitaire doit aussi fournir annuellement trois jours de corvée pour le seigneur. Il peut cependant se faire remplacer moyennant un paiement de deux livres par jour, (6.00 $) pour les trois jours.

Enfin, c’est au moulin du seigneur que le colon doit porter son grain pour le faire moudre et laisser au seigneur le 14e minot. La récolte étant en moyenne de 200 minots, il reste au seigneur 14 minots évalués à quatre livres (4.00 $), soit corvées et mouture, 62 $.

Pour ces déboursés, somme toute minimes, le censitaire a une terre de trois arpents par 40, il fait moudre le blé de sa récolte, et il jouit de la sécurité.

Il faut dire que ce système seigneurial était un bon système de peuplement, dans un pays où il fallait, en tout premier lieu, installer des colons et favoriser le développement.

C’est le long des cours d’eau, le Saint-Laurent (le chemin qui marche), puis des rivières importantes comme la Chaudière et l’Outaouais, que le développement s’est fait d’abord pour se poursuivre ensuite dans l’arrière-pays en rangs successifs; jusqu’en 1753, il n’y a pas de villages, c’est-à-dire pas d’agglomération de maisons et de population (sauf Québec et Montréal).

Ce régime était bon pour les débuts, mais il aurait pu être plus efficace si le recrutement des colons avait été plus poussé et surtout si on avait eu à offrir à ces derniers autre chose que le défrichement et l’agriculture. Quoi qu’il en soit, le régime a été aboli en 1854, avec compensation pour les seigneurs; les censitaires, quant à eux, continuaient à payer les cens et rentes au gouvernement et pouvaient se libérer de cette obligation en achetant le fonds de terre.

II – LA SEIGNEURIE DE LAUZON

C’est dans le cadre de ce régime seigneurial que le territoire de la seigneurie de Lauzon a été concédé en 1636. C’est l’une des plus vastes seigneuries : elle a six lieues (18 milles) de front sur autant en profondeur et, sur le front du fleuve Saint-Laurent, c’est l’embouchure de la rivière Chaudière qui la divise en deux sections de trois lieues chacune.

La famille de Jean de Lauson

Jean de Lauson était secrétaire de la Compagnie des cent-Associés et il devint le premier seigneur de la seigneurie qu’il baptisa de son nom. Le nouveau seigneur ne fera les premières concessions sur son territoire qu’en 1647, à Guillaume Couture et François Bissot, et lui-même ne viendra en Nouvelle-France qu’en 1651, succédant à M. D’Ailleboust comme gouverneur; il occupa le poste pendant cinq ans et rentra en France en 1656. Jean de Lauson est le premier gouverneur à amener avec lui des membres de sa famille : Jean et Louis arrivent avec leur père en 1651 et Charles viendra l’année suivante.

Dès son arrivée, le seigneur de Lauson cède la seigneurie à son fils aîné, Jean, et le nomme grand sénéchal de la Nouvelle-France. Jean, fils, épousera Anne DesPrés qui lui donnera six enfants. En 1661, il est tué par un parti d’Iroquois à l’île d’Orléans et en 1664, la veuve épouse Claude Bermen de la Martinière qui administrera la seigneurie au nom des enfants mineurs. Des six enfants, deux filles seulement parvinrent à l’âge adulte et devinrent Ursulines.

M. de la Martinière contribuera beaucoup au développement de la seigneurie par la concession de nombreuses terres.
Le deuxième fils du gouverneur se noie à la pointe de l’île d’Orléans en 1659. Il n’a pas eu d’enfants de son épouse Catherine Nau.

Enfin, Charles arrivé en 1652 épouse la fille de Robert Giffard, Marie-Louise, dont ils ont une fille qui devint plus tard religieuse hospitalière, mais son épouse mourut deux semaines après la naissance de sa fille.

Charles, dont le nom était de Lauson-Charny, retourna en France en 1657 où il fut ordonné prêtre et il revint en Nouvelle-France en 1759 en compagnie de Mgr de Laval qui le nomma l’année suivante vicaire général. Il décéda à La Rochelle en 1689.

b) Développement de la seigneurie de Lauzon

Comme nous l’avons vu précédemment, ce n’est qu’en 1647 (11 ans après la concession de la seigneurie) que les premiers colons obtinrent des terres sur ce territoire.

En cette année 1647, deux colons devinrent censitaires du seigneur de Lauson, soit Guillaume Couture et François Bissot. Chacun des deux reçut une terre de cinq arpents par quarante; c‘étaient deux terres voisines situées au cœur du Vieux Lauzon.

Guillaume Couture

Avant de s’établir à la Côte de Lauson, Guillaume Couture avait eu une vie fort aventureuse au service des Jésuites; au cours d’une expédition vers la Huronie avec, entre autres, Isaac Jogues et René Goupil, il est capturé par les Iroquois, torturé et mutilé, et il demeurera prisonnier pendant trois ans, non sans gagner la confiance de la tribu qui le retint prisonnier. En 1645, il accompagne les chefs agniers venus à un grand conseil tenu à Trois-Rivières. Il agit alors comme interprète mais aussi comme promoteur de la paix entre toutes les tribus indiennes.

En 1646, Couture obtient des Jésuites d’être relevé de ses obligations de donné (missionnaire laïc) et en 1647, il s’installe dans la seigneurie de Lauson. Il épousera Anne Esmard (Aymard) dont il aura neuf enfants, et jouera un rôle important dans la vie de la seigneurie, étant tour à tour capitaine de milice, juge sénéchal, rôles importants pour le bon ordre et la justice dans la seigneurie. Il mourra en 1701, âgé de plus de 80 ans.

2) François Bissot

François Bissot, pour sa part, s’associa dès 1647 avec son voisin Couture qui commença le défrichement de la terre de Bissot et y construisit une modeste habitation.

En plus de défricher sa terre, François Bissot s’occupa activement de la pêche à la morue et au loup-marin. Il s’installa même à un poste à cette fin à Mingan. Cette activité extérieure ne l’empêcha pas de participer au développement de la seigneurie de Lauson où il construisit un moulin en 1655 et, en 1668, une tannerie (la première de la colonie).
En 1648, il avait épousé Marie Couillard. Fille de Guillaume Couillard et de Guillemette Hébert, et ils eurent 12 enfants; l’une de ses filles, Claire-Françoise, épousa Louis Jolliet.
François Bissot mourut à Québec en 1673, à l’âge de 60 ans.

3) Les Jésuites

Une autre concession fut faite à la même époque, soit en 1648, aux Pères Jésuites, à l’endroit où ils avaient déjà une « cabane ». Cette terre fut agrandie à deux reprises, de telle sorte qu’en 1663, elle est de 11 arpents de front par 40 de profondeur. Il semble que la «cabane des Pères» existait au moins depuis 1647 – peut-être avant – et qu’elle servait de pied-à-terre aux missionnaires qui allaient visiter les Indiens, Abénaquis en particulier. En 1663, les Jésuites déclarent avoir 44 arpents défrichés et cultivés par les Hurons, mais ils n’ont établi aucun colon; en 1709, cependant, on y trouve Ignace Carrier, Denys Courtois et Michel Lemieux.

4) Pierre Miville

Mentionnons aussi les deux terres concédées en 1640 [correction : la concession a été faite en 1649] à Pierre Miville (trois arpents) et à son fils François (quatre arpents).
Cette famille était suisse et elle était arrivée à Québec l’année précédente avec cinq enfants. Pierre avait servi pendant plusieurs années dans les armées du Cardinal de Richelieu dans la région de La Rochelle.
L’un de ses fils s’installera plus tard dans la région de Saint-Jean-Port-Joly. Les Miville-Deschesnes sont des descendants de cette famille.

5) Eustache Lambert

Enfin, à l’ouest de la rivière Etchemin. Le premier concessionnaire fut Eustache Lambert. Il obtient en 1652 une terre de huit arpents par 40. On considère Eustache Lambert comme le pionnier de Saint-Romuald.

Il faut reconnaître que le peuplement de la seigneurie a été plutôt lent. Ainsi, en 1663, il n’y a sur le territoire que 34 censitaires qui possèdent en tout 127 arpents de front par quarante de profondeur, soit 508 arpents carrés. Les concessions représentent à peine deux et demi pour cent du territoire utile de la seigneurie.

En 1667, on compte 111 habitants et 236 arpents défrichés et, 14 ans plus tard, en 1681, la population s’établit à 292 âmes et 542 arpents sont en culture.

III – LES PREMIÈRES PAROISSES

Au point de vue religieux, la colonie est desservie par voie de mission.

À l’origine, la seigneurie de Lauzon faisait partie de la paroisse de Québec et de 1648 à 1679, les mariages, baptêmes et sépultures sont enregistrés à Québec.

Le missionnaire le plus connu est sans doute l’abbé Thomas-Joseph Morel qui, de 1671 à 1681, desservit la Côte de Lauzon et exerça son ministère jusqu’à Rivière-du-Loup.
À l’époque, dès que la population d’un territoire le justifie, on y bâtit une église. En principe, selon un décret du Concile d’Orléans qui datait du cinquième siècle, dix maisons suffisaient pur constituer une paroisse, mais, en pratique, la pauvreté des colons ne permettait pas de construire une Église et de faire vivre un curé.

Jusqu’en 1667, les habitants n’étaient pas soumis à la dîme qui ne fut instaurée que cette année-là. Notons que la dîme était payable sur les grains récoltés; chaque habitant devait remettre à son curé le 26e minot de sa récolte.

Encore que cette dîme, au début, devait être affectée à l’entretien du séminaire, fondé en 1663 par Mgr de Laval; en retour le séminaire devait fournir la subsistance aux prêtres qui seraient délégués dans les paroisses.

Cependant, pour ce qui est de la Côte de Lauzon et la pointe de l’île d’Orléans, l’évêque se réserva le produit des dîmes pour les employer à bâtir des églises dans ces lieux.

On sait que le 11 octobre 1676, l’abbé Morel déclare avoir enterré Charlotte Maugis, veuve de Pierre Miville, dans le cimetière de l’église qui se fait à la Côte de Lauzon. Il semble que sa construction ait été commencée en 1675 et c’est d’ailleurs cette année-là que Guillaume Couture réclamait déjà un curé résidant. C’est sur un terrain que François Bissot avait donné à cette fin avant sa mort que l’église fut bâtie. Cette église était de pierre. Longue de 40 pieds; restaurée et agrandie en 1721, elle fut détruite par le feu en 1830.

En 1690, la paroisse eut son premier curé résidant, l’abbé Philippe Boucher, fils de Pierre Boucher, gouverneur des Trois-Rivières, et la paroisse fut érigée canoniquement sous le nom de Saint-Joseph-de-la-Pointe-Lévy en 1694.

Le curé Boucher n’avait que 25 ans lorsqu’il prit possession de la cure de Saint-Joseph et il y demeura jusqu’à sa mort, survenue en 1721. Il a profondément marqué les débuts de cette paroisse.

À l’autre extrémité de la seigneurie, une première chapelle de bois fut construite pour le service religieux de Saint-Nicolas en 1690. Plus tard, vers 1704, à l’est de la première chapelle, on bâtit une église et un presbytère en bois, mais déjà, en 1720 la chapelle et l‘église sont en ruine. Une nouvelle église et un presbytère seront construits, en pierre cette fois, sur un terrain donné en 1720 par Jacques Beaufort, farinier. C’est en 1728 que fut bénite la nouvelle église.

Malgré son érection canonique en 1694, la paroisse [de Saint-Nicolas] fut desservie par voie de mission jusqu’en 1705, alors que le premier curé vint y résider : c’était l’abbé Le Picart qui y demeura jusqu’en 1713.

Après le curé Le Picart, de 1713 à 1721, pas moins de six curés se succédèrent à la cure de Saint-Nicolas.

Comme on peut le constater, les deux premières paroisses de la seigneurie étaient fort éloignées l’une de l’autre. À mesure que le peuplement augmentera, on créera de nouvelles paroisses. On trouvera en annexe la liste des paroisses actuelles incluses dans le territoire de l’ancienne seigneurie.

CONCLUSION

Le régime seigneurial est disparu. On retrouve quand même des vestiges de ce système dans le découpage et l’orientation des seigneuries et des terres; toujours il s’agit de bandes de terre longues et étroites orientées sud-ouest – nord-ouest. Lorsqu’on divisa le territoire en comtés pour fins électorales, à compter de 1792, les limites de ces comtés furent très souvent les limites mêmes des seigneuries.
Enfin, la toponymie a conservé, dans maints villages, les expressions consacrées par le régime seigneurial, entre autres, le domaine (c’était la propriété personnelle du seigneur) et la commune (terrain de pacage commun à tous les habitants).

Même si, on l’a dit plus haut, le régime seigneurial n’a pas donné des résultats satisfaisants pour assurer le peuplement, il fait reconnaître le mérite des ancêtres qui ont défriché et colonisé le pays.

Malgré les rigueurs du climat et la tâche très lourde qu’ils avaient à accomplir, ces pionniers, ces bâtisseurs ont pu mener, à l’intérieur du régime, une vie relativement agréable, et surtout, ce sont eux qui ont assuré la survie des canadiens-français.

ANNEXE
PAROISSES ACTUELLES INCLUSES DANS LE TERRITOIRE
DE LA SEIGNEURIE DE LAUZON

(Version abrégée de la liste établie par G.-É. Proulx.)
Saint-Joseph (érigée canoniquement en 1694)
Saint-Nicolas (érigée canoniquement en 1694)
Saint-Anselme (érigée canoniquement en 1827)
Saint-Jean-Chrysostome (érigée canoniquement en 1828)
Saint-Isidore (érigée canoniquement en 1829)
Saint-Henri (érigée canoniquement en 1833)
Saint-Lambert (érigée canoniquement en 1851)
Notre-Dame (érigée canoniquement en 1851)
Saint-Romuald (érigée canoniquement en 1853)
Saint-Étienne (érigée canoniquement en 1858)
Saint-Narcisse (partie des seigneuries de Lauzon, Saint-Gilles et Beaurivage) (érigée canoniquement en 1872)
Saint-David (érigée canoniquement en 1875)
Saint-Télesphore (érigée canoniquement en 1875)
Pintendre (érigée canoniquement en 1901)
Charny (érigée canoniquement en 1903)
Breakeyville (érigée canoniquement en 1908)
Saint-Rédempteur (érigée canoniquement en 1919)
Saint-Antoine (Bienville) (érigée canoniquement en 1911)
Christ-Roi (érigée canoniquement en 1928)
Sainte-Jeanne-d’Arc (érigée canoniquement en 1929)
Sainte-Bernadette (érigée canoniquement en 1943)
(Référence : Hormidas Magnan, Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la Province de Québec, Arthabaska, 1925.)


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